Surdités, langues, cultures, identités : recherches et pratiques. [Dossier]
Notes:
Bibliogr.
Titre de la revue:
La Nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation
N° du périodique:
64
Date du numéro (article):
01/01/2014
Source:
N° / 01-01-2014
Auteur(s):
BENVENUTO, Andrea/SEGUILLON, Didier
Qualification Affiliation:
2/GRHAPES/INS HEA/INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR DE FORMATION ET DE RECHERCHE POUR L'EDUCATION DES JEUNES HANDICAPES ET L'ENSEIGNEMENT ADAPTE (Suresnes, France)
ISBN / ISSN:
ISSN 1957-0341
Année de publication:
2014
Date de publication:
01/01/2014
Résumé:
Cet article montre l'émergence des premières formes de résistance et d'organisation collective des sourds depuis les premières décennies du XIXe siècle. Par leur revendication du droit à l'intelligence et à la parole en langue des signes, les sourds ont fait irruption dans l'espace public et politique avec une singularité propre. Les banquets des sourds-muets tenus d'abord à Paris depuis 1834 et ensuite dans toute la France, l'avènement du sport silencieux au début du XXe siècle ainsi que d'autres lieux et réseaux crées par les sourds au courant du xixe siècle (presse, congrès, foyers, associations de secours mutuels, salons d'artistes silencieux), constituent un terrain privilégié d'enquête qui demeure presque entièrement inexploité. Cet article s'appuiera sur les comptes rendus de banquets, des périodiques et des archives associatives, ainsi que sur les rares études contemporaines sur ce thème. Si les recherches concernant l'histoire des sourds, de leur langue et de leur éducation n'ont pas fait l'impasse du rôle joué par les sourds eux-mêmes, dans la défense de leur droit à la parole comme dans leurs engagements ultérieurs dans la vie de la cité, il n'en reste pas moins que les études sur les origines du mouvement sourd au cours du XIXe, sur les formes de leurs mobilisations successives ainsi que sur les raisons de leur engagement n'ont pas fait l'objet de recherches systématiques. Faire l'histoire politique des mobilisations collectives des sourds, dont cette contribution ne représente qu'une introduction, implique d'explorer, d'organiser et de rendre visible les places que les sourds se sont données et celles auxquelles ils se sont opposés, en tant qu'être parlants capables de dire, d'agir et de s'organiser. Ainsi, où en est cette histoire de reconfigurations égalitaires ? Comment les sourds se sont-ils organisés pour apparaître dans l'espace public ? En d'autres termes, il s'agira d'étudier comment les sourds ont fait pour exister et faire exister l'égalité dans leurs propres actes. This article shows the emergence of the first forms of resistance and collective organization of deaf people since the first decades of the 19th century. Through their demand for the right to intelligence and to have their voices heard in sign language, deaf people assertively entered the public and political realms with their own specific identity. The deaf-mute banquets held first in Paris as of 1834 and then throughout France, the emergence of silent sports early in the 20th century as well as other roles and networks created by deaf people during the 19th century (press, congresses, shelters, mutuel aid associations, exhibitions of silent artists) consitute a privileged field for research, which has so far remained practically unexplored. This article will be based on minutes of banquets, periodicals and archives of associations, and also on the rare studies on the subject written at the time. Although research on the history of deaf persons, their language and education have not ignored the role played by deaf persons themselves in defence of their right to speak out and their subsequent participation in the life of society, systematic research has not been done on the origins of the deaf movement in the 19th century, the forms of successive mobilizations of the deaf, and reasons for their commitment. Writing the history of the collective mobilizations of deaf people, of which this article represents only an introduction, entails exploring, organizing, and making visible those roles that deaf people created for themselves, and those which they opposed, as articulate persons able to speak out, act, and get organized. So what is the present state of this history, and the new situation in terms of equality? How did deaf people get organized so as to appear in the public realm? In other words, the point is to study how deaf people have striven to exist and achieve equality through their own acts. [Résumé d'auteur]