Ethiques en action médico-sociale précoce. [Dossier]
Notes:
Bibliogr. p. 102-104
Titre de la revue:
Contraste : enfance et handicap
N° du périodique:
50
Date du numéro (article):
01/11/2019
Source:
N° 50 / 01-11-2019
Auteur(s):
GOURAND, Luc
ISBN / ISSN:
ISSN 0042-5605
Année de publication:
2019
Date de publication:
01/11/2019
Résumé:
En échographie prénatale, l'attention est généralement focalisée sur la très grande difficulté de l'annonce à la mère d'une anomalie de son foetus. Cette crainte est légitime car il n'existe pas de manière convenable d'annoncer à une femme que son projet et sans doute une part d'elle-même sont détruits. Mais cette préoccupation essentielle peut laisser penser que l'exploration d'une grossesse normale (en apparence) ne nécessiterait pas de précautions particulières. Il n'en est rien. Entre le repérage d'une anomalie et le diagnostic d'exclusion, il y a précisément tout le travail d'inventaire (hésitations, suspicion, contrôles...) qui est généralement perçu par l'intéressée comme un véritable suspens parfois très angoissant. Le stress provoqué par cette parenthèse peut aller jusqu'à interrompre (provisoirement ?) la communication précoce mère-foetus avec des conséquences dommageables à long terme. Même si tout s'est bien terminé (du moins, visiblement). Une préparation à affronter les cas difficiles devrait, dans les situations les plus banales, tenir compte davantage de l'intersubjectivité, des arrière-plans de la relation, et du ressenti maternel. Le scrupule éthique ne peut pas se limiter au respect des protocoles techniques et du souci médico-légal. Le Plan périnatal [1] (2005 révisé en 2013) définit ainsi la priorité : s'intéresser au ressenti parental, ce n'est pas quelque chose en plus, c'est revenir à l'essentiel, souligne Françoise Molénat (2006). « Soigner, cela peut être fait avec une rigueur dont la douceur est l'enveloppe essentielle, une attention exquise à la vie que l'on veille et que l'on surveille. » Paul Valéry parlait d'un choix politique. Pourra-t-on de nouveau progresser avec une « attention exquise » lorsqu'on est entraîné dans le tourbillon vertigineux de l'incontestable progrès technologique ? Les algorithmes et l'intelligence artificielle, futurs substituts de l'intelligence relationnelle ? Nombre d'auteurs, dont le philosophe Dominique Folscheid et l'éthicien Grégoire Moutel, ont souligné que la médecine ne peut être humaine que si elle n'est pas strictement scientifique. C'est bien la rencontre de l'autre qui fonde la dimension intrinsèquement éthique de la médecine. [Résumé d'auteur]