Ce Dossier met en avant différentes tensions qui sous-tendent l'activité quotidienne des enseignantes et enseignants qui cherchent à transmettre à leurs élèves des démarches et des outils intellectuels pour comprendre les sociétés humaines et leur fonctionnement. Comment se recompose la référence aux disciplines universitaires au sein et entre matières scolaires elles-mêmes plus ou moins composites (histoire-géographie et EMC, sciences économiques et sociales, philosophie, etc.) ? Ce dossier s'appuient sur une sélection de travaux de recherche abordés sous l'angle du curriculum. Une première partie s'intéresse aux conditions dans lesquelles l'activité enseignante en classe peut être favorable aux apprentissages disciplinaires de tous les élèves, de la carte de géographie à la dissertation philosophique. La deuxième partie inscrit l'action des enseignantes et enseignants dans l'histoire collective de leur profession, et, dans le cas de l'enseignement secondaire, de leur discipline (histoire-géographie, sciences économiques et sociales, philosophie) et de ses réformes successives. Enfin, une troisième partie interroge les façons dont enseignants traduisent dans leurs pratiques des prescriptions institutionnelles de plus en plus internationalisées comme l'acquisition de compétences ou les « éducation à » : cet appel au décloisonnement et à l'interdisciplinarité interroge les raisons qui font que ces tendances de fond connaissent dans le même temps un processus de disciplinarisation qui s'appuie sur les fondements épistémologiques des différentes sciences humaines et sociales.