S'appuyant sur des travaux de recherche action, cet article développe l'hypothèse selon laquelle la pratique du débat éthique contribuerait à lutter contre les inégalités scolaires et sociales en influençant à la fois le vécu des élèves et celui des enseignants. Permettant aux élèves d'acquérir des capabilités, d'augmenter leur puissance d'agir et d'accéder à des expériences de succès, cette pratique améliore la perception de soi par soi des élèves les plus vulnérables. Ébranlant la posture des enseignants et modifiant leurs jugements, elle influence positivement chez les élèves défavorisés l'image de soi renvoyée par autrui. Améliorant ou restaurant ainsi les deux composantes de l'estime de soi des élèves en difficulté, tout en leur offrant l'opportunité d'approfondir le rapport à soi et au monde, la pratique du débat éthique serait bénéfique à leur carrière scolaire et élargirait leur champ des possibles en modifiant leur rapport au futur.